Vanité - Pieter Claeszoon
Le jour où je me suis mangée,
je me suis dévorée
sans sauce et sans épices
jusqu'à l'os
il n'est rien resté de moi sinon un peu de cendre
quelques miettes que j'ai balayées
du dos de la main,
et chez moi personne n'a rien vu rien entendu
ils ne se sont aperçu de rien
ni de l'absence ni de la présence
ni des cris ni du silence
juste une lourde indifférence
un grognement de rats
léchant les restes
le cartilage tendu
et les ongles fendus,
un coup de vent et plus rien
de visible,
J'ai terminé mon repas
et suis retournée à mes ombres
le nid que les vautours préfèrent
le gouffre où les serpents sifflèrent
Le jour où je me suis mangée
j'ai rongé mon âme
jusqu'à plus soif
épongé le sang
et nettoyé la table
replié ma serviette
en finissant le vin
m'en suis retournée plonger dans le silence
personne ne s'est aperçu de rien
ni le vent ni la nuit
je n'existe plus
et c'est le cri qui me va le mieux.
Commentaires
tu écris toujours aussi bien !!