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Il est là

il traîne

reste dans l'obscurité

s'envenime et m'empoisonne

joue au plus malin

tisse sa toile

mais ne m'endors pas

attend que je cède

que je succombe

alors que rien n'y fait

rampe et gronde

s'enlise dans la poussière

et me guette à chaque rêve

derrière chaque porte

brûle chacun de mes doigts

et mon âme toute entière

bûcher de ma Raison

tourment de mon corps sec

sème le trouble, le sang

et la rage

attend que je supplie

mais je ne romps pas

je ne le vois plus

je ne l'entends plus

racle ses griffes sur le sol

souffle sa transe

et sa folie douce

épie tous mes gestes

me bouscule

me harcèle et me tente

mais aujourd'hui

je suis libre

un autre a pris sa place,

plus violent

et plus profond.

Juste envie d'abandonner

de tout laisser glisser

me détourner et m'en aller

devenir louve

et retourner me coucher

sous la neige

chasser, retrouver 

le goût du sang

qui ne m'a jamais quitté

Envie de claquer la porte

et de les laisser chercher

la trace de mes pas absents

envie de hurler

à n'en plus finir

rencontrer les chiens

et leurs yeux doux

m'enfuir et ne plus penser

montrer les crocs enfin

et n'avoir plus peur de rien

briser les chaines

suivre les ombres du bois

disparaitre dans le froid

et les laisser abandonner

Devenir louve

et donner la mort

régner loin du monde

en fermant mes yeux de lune

sans plus penser à demain

les laisser m'enterrer

et pouvoir les observer,

ricaner dans l'obscurité

avant de m'en retourner

seule reine parmi les chiens.

Je l'aime

comme Dieu n'aimera jamais

mais je ne suis que violences

j'ai trop de brouillard

et de bruine sur mon chemin

pour pouvoir lui tendre la main

je déchire, démonte et saccage

l'âme jamais en paix

Je l'aime

mais je suis le Diable

bien souvent

brûle, ronge et détruit

ce qui passe àma portée

ma musique n'est pas la sienne

et mes fleurs sentent le souffre

mes épines répondent

à ses mains douces

Je suis tout et son contraire

ses angoisses et ses délires

le vent méchant dans les blés

l'incendie que rien n'arrête

et les oiseaux menaçants

Je l'aime

comme il n'aimera jamais

et vais regagner ma cage profonde

vivre en plein cauchemar

et lui mentir cent fois

le garder et le relâcher

le rattraper et le supplier

tenter de l'attacher

et jeter mes démons à ses pieds

Il ne verra rien

ne saura rien

trouvera la journée douce

et ne percevra pas un seul

battement de cil.

Le corbeau est mon ami,

il épuise, guide et aime

ma mélancolie,

ouvre ses ailes

et me suit, maître de mes vies,

darde son oeil noir

sur mon désastre,

seul juge et bourreau

de mon immense gâchis,

fait de ma danse macabre la sienne

s'envole et plane sous le ciel effondré

me montre ses labyrinthes et ma tragédie

se fait potence de mon âme ruinée

et s'en va se percher plus loin;

il a saigné mes mains

et laissé ses stigmates ; 

Seigneur sombre et silencieux

lui seul sait où bat mon coeur

connait mes champs torturés 

et mes jardins fragiles ,

maitrise mes démons et leur parle

dort sous les ronces et boit mon sang ;

Le corbeau est mon ami

il s'est perché sur ma vie

joue la même valse obscure et lente

griffe mon âme écartelée

puis s'envole et plane sous les cieux éventrés.

Mon Amoureux

ne sait pas parler

mais il attrape le soleil

de ses mains

marche sur ma Vie

comme une armée de promesses

et fait les cent pas

dans ma tête

il est là il n'en sort plus

me ronge et me dévore

me consumme et me broie

Mon Amoureux

ne sait pas jouer

sauf la plus belle

symphonie du monde

rampe le long de mes hanches

et y pose sa flamme

court dans mon sang

comme un alcool décadent

ivresse dure et douce à la fois

dont je ne démords pas

Mon Amoureux

ne connait pas mon nom

mais sait mon corps par coeur

je suis une libellule

un papillon

un grain de sel transparent

une eau floue qu'il boit

à longs traits

il est ma guerre et ma colère

mon envie et ma jalousie

Mon Amoureux

vit sa vie comme un enfant

il rit il aime il avance

mais ne sait pas dans sa danse

où il a mis les pieds.