Ce matin
je me suis sentie bien
Il était posé sur mon coeur
le ciel était pur
le ciel était clair
sa main dans la mienne
et l'herbe luisait doucement
j'ai écouté sa chanson
sa voix dans les arbres
et mon âme déposée sur le sable
sans peur, sans pluie et sans regrets
Ce matin
je me suis sentie bien
il était là un peu à moi
un peu de vent au creux des reins
et cette paix étrange qui gronde
ronronne et sonne
au bout de mes doigts
et pourtant
le glas n'est pas loin
Ce matin
il repartira
me renverra mes crevasses et mes blessures
me rendra mes araignées sans se retourner
sa peau tiède comme seule couverture
et mon gouffre immense
l' Ange posé sur le Diable
l'Enfer parmi les fleurs
Ce matin
je me suis sentie bien
une éclaircie dans mon jardin
légère comme un musicien
et puis doucement,
très doucement,
les nuages ont avancé.
Le ciel s'est couché
sur le fleuve
et ses roseaux noirs
j'ai roulé ma peine
jusque là
laissé glisser le vent
sous mes doigts
et attendu la pluie
exhalé mes silences
rendu mon souffle plus court
et suspendu mes oiseaux
à chacun de leurs cris
il ne m'aime pas
ne m'aime plus
peu importe ma Vie s'en va
je glisse et je m'enfuis
bâtis des labyrinthes
là où il n'est pas
loin du monde loin de moi
le ciel est tombé
sur le fleuve
et je m'en fous
je n'y vois plus
plus que lui et sa vie ses mains
ses yeux doux
et ce fleuve immense
mon âme qui sombre et chavire
sous les roseaux noirs
il était temps
il était là il repart
une ride sur l'eau
un pli sur sa main
effacé sans chagrin.
Il pleut
bon sang
il pleut
et j'entends sa voix encore
mon obsession et ma rage
ma Vie qui traîne et qui s'épuise
mon dégoût et sa présence
ma flamme et son absence
je ne veux que lui
son oxygène et son talent
ses yeux qui regardent ailleurs
ses mains qui en touchent d'autres
Il pleut
et ma peine dégouline
à grands flots
m'innonde et me noie
sa voix dans ma brume
mon poison sur son âme
je veux être serpent
pourrir ce qui lui reste
qu'il revienne et repose là
Il pleut
au rythme de mon coeur
son souffle sur ma colère
mon désespoir au gré de ses cils
et ses doigts sur ma peau
encore et encore
Il pleut
et c'est encore elle
plus loin, plus près
qu'il ira retrouver
musique amère qui emporte tout
sur son passage
balaiera sa mémoire
et ma symphonie boiteuse.
Il pleut...
bon sang
il pleut...
Si seulement la Vie voulait
rien qu'une fois
m'offrir un peu de sa lumière
de son soleil
un peu de ses étoiles
et de sa paix
A la place j'exhale ma rage
et hurle ma fièvre
fracasse mon restant d'âme
sur sa vitre froide
et livre de vains combats à d'aveugles armées
Si seulement la Vie voulait
m'accorder sa caresse
au lieu de me noyer
de m'observer sans mot dire
et de me gifler
je n'en peux plus d'attendre
et d'espérer
d'oser les prières les plus noires
de tenter le Diable
et d'allumer des des feux
que je ne sais plus éteindre
Si seulement la vie voulait
m'apporter sa grâce
un peu d'harmonie
dans mon jardin d'ébène
essuyer son glaive sur ma joue
sans pouvoir couper la chair
Si seulement, si seulement
la vie voulait de moi...
J'ai promis
de ne pas l'aimer
de ne pas le toucher
de ne pas le regarder
oui mais voilà
je voudrais être le vent dans sa main
le sable sur le chemin
un petit soleil dans sa nuit
J'ai promis de ne pas le suivre
de ne pas m'attarder
de ne pas entrer
d'éviter ses yeux
et la braise sous ses mains
oui mais voilà
je ne suis qu'une chanson
sans avenir et sans promesses
j'attends je me lasse
et puis c'est tout
J'ai promis de ne pas rester
de fuir et de claquer les portes
sans me retourner sans regarder
sans respirer
oui mais voilà
aujourd'hui il est là
juste en face de moi
il est là et ouvre ses bras
il est là attache mes chaînes
sans faire le moindre pas
J'ai promis de ne pas l'aimer
de ne pas l'affronter
de ne pas l'écouter
oui mais voilà
il est là devant moi
et je me débats.
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